L'escrime au 19e siècle
Sous Napoléon, l'escrime devint un art martial. Dans l'armée, des
maîtres
d'armes enseignèrent le maniement du fleuret, mais aussi du sabre de cavalerie
et de la lance. Quand ils n'étaient pas au combat, les militaires français
enseignaient l'escrime à de futurs duellistes dans des salles d'armes
spécialement aménagées. L'idée de duel se démocratisa. Il servait de moyen
de sélection dans l'armée. Dès la Restauration, le jardin du Palais-Royal fut
le siège de nombreux duels politiques. Après 1830, le pistolet eut plus de
succès que l'épée. En 1836, le comte de Chatauvillard rédigea un code du
duel.
On y définissait le point d'honneur, le choix de l'arme (laissé à
l'offensé) et de nombreux détails pratiques. Un procès verbal d'après
rencontre, parfois relaté dans la presse, attestait la régularité du duel. En
1836, un duel entre deux journalistes, Carrel et Girardin, eut une issue
tragique (pour plus d'informations sur cette époque troublée de l'Histoire de
France, lire Un héros de passage de Patrick Poivre d'Arvor, paru chez
Albin Michel). En 1837, la Cour suprême décida que le duel pouvait être
assimilé à l'assassinat avec préméditation.
Mademoiselle de Maupin de
Théophile Gautier (1835) est le premier roman de cape et d'épée. Il écrivit
aussi Le Capitaine Fracasse en 1853. Les
Trois Mousquetaires, best-seller du genre, écrit par Alexandre Dumas père,
fut publié en 1844. Dumas écrivit une suite, Vingt ans après, en 1845
et Le Vicomte de Bragelonne en 1848. Paul Féval père et fils, Ponson
du Terrail, Xavier de Montépin, Michel Zévaco et tant d'autres
bénéficièrent de l'engouement pour l'épée. La première pièce de cape et
d'épée, Henri
III et sa cour (1829), est l'œuvre d'Alexandre Dumas. Le champion du genre
est Edmond Rostand avec C (1897). Mozart (Don Juan), Meyerbeer (Les Huguenots), Berlioz
(Roméo et Juliette), Gounod (Faust) et Bizet (Carmen) offrent
au théâtre lyrique des pièces riches en duels.
Du milieu du 19e siècle jusqu'en 1939, il exista en Allemagne des
duels d'étudiants, rarement mortels, dont le but était de marquer le visage
adverse d'une ou plusieurs estafilades pour satisfaire à l'honneur.
Paradoxalement, l'étudiant le plus balafré était le plus respecté et le plus
admiré.
L'escrime était considérée comme un art d'agrément au même titre que
l'équitation, la musique et la danse. La compétition sportive fut introduite
avec des assauts entre les salles d'escrime. Dès les premiers Jeux Olympiques
de l'ère moderne, à Athènes en 1896, l'escrime fut représentée par quatre
pays. En 1896, il n'y eut que le fleuret et le sabre. L'épée, arme
relativement nouvelle, s'y ajouta en 1900, et le fleuret féminin en 1924. La
rivalité entre les écoles française, italienne et hongroise est manifeste.
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