L'escrime aux 17e et 18e siècles

Au cours des 17e et 18e siècles, la pratique du duel resta réservée aux grands. Certains peuvent être qualifiés de duellomanes. Ils ne se battaient plus seulement au Pré-aux-Clercs, en bordure de Seine, mais aussi en pleine rue. Le duel était une façon de prouver sa vaillance et de s'affranchir de la tutelle royale. Les monarques absolus condamnèrent donc cette pratique. Entre le début du 17e siècle et 1723, il y eut huit édits royaux condamnant le duel. En règle générale, ils furent appliqués plutôt mollement. Cependant, le comte de Bouteville, qui défiait de façon provocatrice l'Eglise et le Roi, fut exécuté le 22 juin 1627. Corneille, Molière, Pascal et les encyclopédistes jetèrent un certain discrédit sur la pratique du duel et la notion de point d'honneur.

La grande majorité des duellistes étaient des hommes. Mademoiselle de Maupin, décédée en 1707, était une exception. Le 17e siècle vit l'arrivée d'une nouvelle arme d'estoc, plus légère et plus courte que la rapière, à lame de section quadrangulaire et se terminant par un bouton : le fleuret. Les maîtres d'armes l'adoptèrent et mirent au point une technique spécifique. On pouvait maintenant faire de l'escrime sans avoir l'intention de se battre. Le jeu consistait à effleurer la poitrine adverse. Elégance et courtoisie étaient les qualités requises. Plusieurs traités furent consacrés au fleuret : la Théorie de l'art et pratique de l'espée seule ou de fleuret de Charles Besnard en 1653, L'Art des armes ou la manière la plus certaine de se servir utilement de l'épée de Guillaume Danet en 1766, etc. L'école française dépassa l'école italienne. Le chevalier de Saint-Georges, né en Guadeloupe, Faldoni, Angelo et le chevalier d'Eon comptent parmi les plus brillants escrimeurs de l'époque. La Révolution française de 1789 vit l'abandon du fleuret moucheté au profit du sabre, véritable arme de combat. C'est aussi le début des duels politiques.